par zappix » 06 Nov 2006, 23:03
Tiens pour la soirée, je vous colle une d'histoire amusante qui m'est arrivé avec mon p'tit gris...
C'était encore dans les Alpes de Haute Provence. J'avais stocké du matériel d'exploitation dans un grand hangar près de la commune de Château Arnoux, entre Manosque et Sisteron, commune sur laquelle se trouve un petit aérodrome. C'était un dimanche de printemps en 2004 et j'étais en train de ranger du matériel lourd et volumineux dans le hangar en utilisant le relevage du tracteur.
D'un coup il y a eu un très gros orage, aussi bref que violent, avec une pluie diluvienne et des éclairs qui flashaient dans le ciel accompagnés de grands coups de tonnerre. C'était très impressionnant et je me suis mis à la porte du hangar pour admirer le spectacle.
D'un coup, j'ai d'abord entendu un souffle de vent incroyable dont je me demandait d'où il pouvait bien provenir, et, venu de je ne sais où, j'ai vu passer devant mes yeux un planeur à raz du sol qui a disparu à une centaine de mètres de moi dans l'immense champ de blé qui entourait le hangar où je me trouvais. J'avais bien vu qu'il s'agissait d'un atterissage un peu en catastrophe et je me suis mis à courir dans la direction du planeur qui s'était immobilisé au milieu du champ et dont j'apercevais le cockpit qui dépassait à peine des épis déjà hauts.
En arrivant au planeur, j'étais épuisé et trempé comme une soupe car j'avais couru à toute vitesse sous la pluie en écartant les épis mouillés et mes chaussures avaient pris chacune 10 bons kilos supplémentaires avec la boue qui s'y était collé. J'ai alors aperçu 2 têtes dans le cockpit du planeur troublé par les gouttes d'eau et j'ai tapé sur la vitre avec mes doigts comme si je tapais à une porte pour qu'on ouvre.
Depuis son siège, le pilote a tourné sa tête vers moi, m'a regardé surpris et à ouvert le cockpit, puis m'a dit : "tout va bien, ne vous inquiétez pas. On a pris la foudre en plein vol et j'ai fait un atterrissage d'urgence car mes instruments ne répondaient plus. Ma passagère est un peu secouée mais ça va..."
Je les ai aidé à sortir du planeur et on a rejoint péniblement le bord du champ de blé en suivant le chemin que j'avais vaguement tracé dans ma course effreinée de sauveteur. Le pilote a sorti un téléphone portable et a appelé son équipe d'assistance pour les rassurer et leur expliquer sa position pour qu'on vienne les chercher. Effectivement, quinze minute plus tard 3 voitures arrivaient et une petite dizaine d'individus hilares sortaient des véhicules en se moquant du pilote qui avait casché son planeur au milieu du champ de blé. Quand ils ont voulu aller chercher le planeur, là ils ont moins ri. Non seulement le premier véhicule, un 4x4, qui a tenté de s'approcher du planeur s'est embourbé jusqu'aux portières, mais quand les autres coéquipiers ont tenté de pousser la voiture embourbée pour la sortir de là, ils se sont retrouvés crépis de boue de la tête au pied !
Après quelques instants de réflexion, ils ont d'abord décidés d'aller démonter le planeur sur place pour le ramener jusqu'au bord. Puis ils s'occuperaient plus tard de la voiture embourbée.
Démonter le planeur, c'était pas trop dur, mais ramener chaque élément au bord du champ s'est avéré être un pénible parcours du combatant à cause de la boue. Epuisés, ils ont commencés à réfléchir à un moyen plus efficace pour sortir et le planeur et la voiture de ce bourbier.
Là, vous l'avez compris, dans un nouvel élan héroique, je leur ai dit que j'avais peut être un solution. J'étais pas très sûr d'arriver à faire quelque chose mais je suis quand même allé chercher mon tracteur resté dans le hangar. Quand je suis arrivé, ils m'ont tous regardé d'un air surpris et dubitatif.
Mais c'était mal connaître la mécanique révolutionnaire du p'tit gris !
En 2 temps 3 mouvements, je sortais le 4x4 embourbé, puis j'ai fais la navette entre le bord du champ et le planeur.
Grace à une palette posée sur le relevage du tracteur, à l'aller, j'emmenais 4 passagers qui s'agrippaient à une barre du relevage ce qui leur évitait non seulement de se mouiller dans les blés mais les gardait aussi au dessus de cette boue argileuse qui leur était devenu un vrai calvaire.
Au retour, tout en restant calés sur la palette et agrippés au relevage, ils se débrouillaient de tenir chacun des bouts du planeurs démonté, et pour terminer, j'ai fini par tracter le fuselage du planeur...
Comme quoi, même pour un planeur, un p'tit gris c'est du bonheur !
Le plus rigolo aujourd'hui c'est quand je bricole mon tracteur, je retrouve encore des morceaux de boue argileuse qui ont séchés et qui sont restés coincés dans les recoins de mon tracteur.
C'est dans le regard du sage que l'on voit le plus d'humanité